La résistance des
Zaâtchas est passée par trois étapes essentielles : la phase
de la puissance, la phase du siège et la phase de
recul.
a-
La phase de
puissance:
La première phase
a débuté par l'arrivée des Français à Zaatchas le 16 juillet
1849 sous la direction du colonel "Carbuccia" qui avait
renforcé le siège autour des oasis afin d'étouffer
l'insurrection, l'étouffer dans l'œuf et liquider son chef,
Cheikh Bouziane, afin de rétablir la sécurité dans la
région. Cependant, il fut surpris par la résistance des
révoltés qui accueillirent les troupes françaises avec une
pluie de balles tuant ainsi 31 soldats français et ne
faisant pas moins de 117 blessés.
Après quelques heures
d'accrochage, le colonel "Carbuccia" fut contraint de se
retirer avec ses troupes sous les coups de boutoir des
factions de combattants des Ouled Naïl, Bousaada et Msila
qui avaient rejoint leurs frères des Zaatchas.
Cette victoire a
contribué au renforcement moral et matériel des insurgés et
à raviver la résistance parmi les habitants de la région.
Le cheikh
marabout Sidi
Abdelhafid, moqaddem de la confrérie
Rahmania entreprit de proclamer la guerre sainte et
les populations répondirent à l'appel lancé pour libérer la
ville de Biskra. Elles affrontèrent les troupes françaises
dirigées par "Saint Germain", commandant de la subdivision
de Biskra. La bataille de Sériana eut lieu au lever du
soleil en septembre 1849. Malgré la mort du commandant Saint
Germain, l'armée française réussit à maintenir le siège et
Sidi Abdelhafid fut contraint de se retirer avec le reste de
ses partisans.
Les Français
exploitèrent cette victoire, persistant dans leur volonté de
se venger des habitants de l'oasis de Zaatchas même si la
question fut reportée au début de l'automne. Le Général
"Herbillon" gouverneur de la subdivision de Constantine dirigea
alors personnellement le siège après avoir désigné le
colonel "Carbuccia" pour succéder au Colonel Saint Germain.
b-
Phase du siège de
l'oasis
Le 07 Octobre 1849 au matin, le général Herbillon
entreprit d'amasser ses troupes estimées à quatre mille
quatre cents trente neuf (4439) soldats sur la "colline de
la meïda", jouxtant le village des Zaatchas, occupa la
zaouia proche de la colline et contrôla le carrefour menant
à l'oasis de Zaatchas, notamment la route reliant Tolga à
Zaatchas afin d'empêcher l'arrivée de tout renfort. Les
ordres furent donnés à l'artillerie de bombarder les
remparts afin d'y provoquer une percée. Cependant la
résistance intrépide qui leur fut opposée avait contraint
les troupes françaises à se retirer après avoir enregistré
la perte de 35 soldats dont un officier ainsi que 147
blessés.
Grâce à l'artillerie,
les Français réussirent à occuper la zaouia et hisser
le drapeau au dessus de son minaret.
En dépit de cela,
Cheikh Bouziane continua à galvaniser les combattants et
réussit, malgré le siège, à envoyer ses émissaires en
cachette aux tribus de Bousaâda et Ouled Naïl pour leur
demander des renforts.
c-
Phase de repli et massacre
Le Général "Herbillon" demanda les secours à
l'administration coloniale centrale à Alger. Des ordres
furent donnés aux colonnes militaires, venant de
Constantine, Batna, Bousaada, Skikda et Annaba de faire
mouvement vers Zaatchas; ce qui encouragea les assaillants à
reprendre l'assaut le 26 Novembre 1849 avec huit mille
soldats dirigés par l'officier " Barail" , le colonel
"Canrobert" , Lafaraude et le colonel "De Montel", sans
parler du matériel de guerre, pendant que le reste des
troupes entreprenait l'encerclement de l'oasis en prévision
de tout secours susceptible de parvenir d'autres
régions.
Les ordres furent
donnés de massacrer tous les habitants de l'oasis, y compris
les femmes, les enfants et les
vieillards, de couper les
palmiers, source de revenus des habitants et d'incendier les
maisons.
En
dépit de cela, les populations avaient résisté et des
accrochages à l'arme blanche eurent lieu avec les soldats
français sur les routes jusqu'à ce qu'ils fussent tués
jusqu'au dernier vers neuf heures du matin. Les blessés
furent achevés. La maison du Cheikh Bouziane fut bombardée
et celui-ci tomba au champ d'honneur. "Herbillon" donna
l'ordre de couper les têtes de Cheikh Bouziane et son fils
ainsi que Cheikh El Hadj Moussa Derkaoui et de les accrocher
à l'une des portes de la ville de
Biskra.