La résistance de 1879
dans les Aurès est passée par des étapes importantes
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Première étape :
La première étincelle s'est déclenchée le 30 mai
1879 au moment où eut lieu la tentative d'arrestation, au
milieu du clan des Lhal'ha, de l'imam de la mosquée El Hamam
lequel était devenu le guide spirituel de la résistance.
Commença alors la phase des attaques contre les
collaborateurs des autorités coloniales et à leur tête les
caïds. Après cela, eut lieu l'attaque contre le caïd Si el
Hachemi Bachtarzi qui s'était réfugié au fort de Tkout
mais les assaillants réussirent quand même à le tuer pour
revenir par la suite à la région d'El
Annasser.
Dès lors, les caïds
Mohamed Ben Boudiaf, le caïd de Béni Oujana ainsi que
Mohamed Sdira, caïd d'el Achach se sont concentrés près de
la région d'el Annasser, prêts à attaquer les insurgés le
1er juin 1879, soutenus par une troupe française.
Toutefois, ils furent surpris par une attaque surprise de
nuit au cours de laquelle le caïd Boudiaf fut tué.
Puis ce fut le tour du caïd Lahcène Belabey ainsi que son
khalifa Daâs.
Cette étape fut
couronnée de succès et la peur gagna les caïds qui étaient
l'instrument effectif entre les mains des autorités
françaises.
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Deuxième étape :
Cette étape fut caractérisée par l'extension de la
révolte dans la région des Aurès, à travers le ralliement de
bon nombre d'insurgés contre les représentants de l'autorité
coloniale. Elle a ainsi englobé les tribus des ouled Daoud ,
Béni Bouslimane, Ahmed Kheddou ainsi que certains clans des
tribus de Béni Oujana, Oued Abdi , parallèlement au soutien
absolu du Cheikh de la zaouia Rahmanya d'oued Abdi, Cheikh
El Hachemi Ben Derdour.
Le leader de cette
révolte , Cheikh Mohamed Ben Abderrahmane ne se limitant pas
à cela, a adressé des correspondances à tous les
mokaddems de la confrérie Rahmanya à Oued Abdi, Bouzina,
Beni Oujana, Ghassira , Béni Amloul et el Baadchya.
Il en fit de même avec
le reste des tribus parmi lesquelles la tribu des Harakta,
Segnia, Karfa et autres leur demandant de proclamer la
guerre sainte. Ses correspondances parvinrent également aux
tribus des zouaouas afin d'élargir la base de
l'insurrection.
Parallèlement à ces
préparatifs, le pouvoir colonial avait équipé trois colonnes
sous le commandement du maréchal Forgemol; la première
colonne venant de Batna était composée de six bataillons
dirigés par le colonel Gaume; la deuxième colonne
venant de Biskra, sous le commandement du colonel
Cajar était composée de trois bataillons tandis que la
troisième colonne venant de Khenchela sous la direction du
colonel Gaume comprenait un seul bataillon.
Au cours de ces
mouvements eurent lieu des batailles rudes de forces
inégales entre des troupes dotées d'armement , organisées et
bénéficiant d'une expérience sur le terrain alors que du
côté algérien, les combattants étaient essentiellement des
volontaires ordinaires dénués d'expérience sur le terrain et
d'équipement militaire développé.
Parmi les batailles
importantes, il y eut celle d'El Arbaâ, au nord de Batna les
8 et 9 Juin 1879, suivie de celle du village de Touba près
de Oued Oum El Achra le 15 Juin de la même année, ainsi que
d'autres batailles dans certaines régions des
Aurès.
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Troisième étape :
Elle fut
caractérisée par le recul des insurgés devant les troupes
coloniales soutenues par la force locale avec à sa tête les
caïds; ce qui influa négativement sur la poursuite de la
résistance et ses possibilités d'enregistrer des succès
notables. Les hésitations des insurgés au cours de
nombreuses occasions furent à l'origine de l'affaiblissement
de leurs rangs, dans la mesure où beaucoup d'entre eux
furent arrêtés. Leur nombre passa de 168 prisonniers
au début pour atteindre 103 ; ce qui a poussé bon
nombre d'insurgés à s'exiler en Tunisie répondant à l'appel
adressé par le leader de l'insurrection Mohamed Ben
Abderrahmane aux populations de la région afin qu'elles ne
se fassent pas exterminer par l'armée coloniale. Quant à
ceux qui restèrent, ils virent leurs villages incendiés ou
détruits et furent dépossédés de leurs biens. Certains parmi
eux furent tués.