De retour à Laghouat, Bennaceur Ben Chohra
entra au ksar de la ville. De son côté, le gouverneur général RANDON ordonna au
Général L'ADMIRAULT de marcher sur Laghouat à la tête d'une colonne de plus de
1500 soldats. Celui-ci parvint jusqu'aux remparts de la ville le 4 mars puis
avança jusqu'à Ksar Hirane sans heurts. Il y installa un bataillon de son armée
ainsi qu'une troupe de spahis et retourna ensuite vers Laghouat.
Malgré cela, l'administration coloniale
continuant à craindre la réaction des Algériens, jugea nécessaire de faire venir
des unités supplémentaires de l'armée basées à Tiaret sous le commandement du
Général DELIGNY.
De son côté, Mohammed Ben Abdallah marcha
sur les environs de la ville de Laghouat afin de sensibiliser les tribus qui
hésitaient encore à se rallier à lui. Mais très rapidement, il dut se replier
sur Tajrouna, près de Oued Zargoun après avoir eu connaissance des mouvements du
Général L'ADMIRAULT.
Il fit en sorte de mobiliser davantage
d'hommes parmi les tribus et rejoignit l'armée de Bennaceur Ben Chohra composée
d'éléments de la tribu des Ouled Sidi Atallah, Saïd Otba, El Mekhadma de
Ouargla, les Chaamba de Metlili, les Ouled Ameur de Timacin , Ouled Djellab et
les gens du Mizab. Ce rassemblement a fait naître des craintes chez les Français
et l'officier "Collineau" fut chargé de regrouper les bataillons de
l'armée en prévision de l'affrontement.
Entre temps, le chérif Mohamed Ben Abdallah
n'avait pas cessé de se rendre à Laghouat afin de sensibiliser les populations.
Ayant appris cela, le Général "Yussuf" tenta sans succès de soudoyer
par divers moyens les habitants de Laghouat en échange de la vie du chérif. Le
gouverneur général décida alors d'intervenir militairement pour frapper Laghouat
et la soumettre. A cet effet, il mobilisa cinq colonnes sous le commandement du
général
Pellissier.
Tous ces préparatifs laissaient présager
le début de la guerre et les combats débutèrent effectivement le 03 décembre au
matin sur divers fronts, dans le but de faire tomber Laghouat. L'assaut se
poursuivit le jour suivant et les troupes françaises parvinrent à pénétrer dans
les positions renforcées, prenant la mosquée comme quartier opérationnel. Le
Général Buscarin trouva la mort au cours de l'affrontement et fut remplacé par
le colonel "Cler" en coordination avec le Général Yussuf pour prendre
d'assaut la ville où des combats violents furent engagés dans les rues et même
les maisons et coûtèrent à l'armée française des pertes considérables. Les
combattants firent preuve de courage et de tenacité dans leur résistance tandis
que l'artillerie avait concentré ses tirs sur les remparts de la ville afin de
permettre à un plus grand nombre de soldats d'entrer dans la ville et d'en
occuper les hauteurs. L'affrontement se poursuivit longtemps pour s'achever par
la prise de Laghouat. Des massacres horribles et des exactions furent commis sur
les habitants, sur les crânes desquels Pélissier fêta sa victoire. Des tapis
somptueux furent étalés au centre de la ville où il prit son déjeuner avec ses
officiers et procéda à la nomination du colonel "Cler", commandant
suprême de la ville de Laghouat. Les rescapés parmi les habitants de la ville
réussirent à fuir avec à leur tête le chérif Mohamed Ben Abdallah, Bennaceur ben
Chohra , Yahia ben Maamar et Et Telli ben Lakehal après avoir réalisé que
l'affrontement ne pouvait avoir lieu, en raison d'une part du déséquilibre du
rapport de forces militaires, et d'autre part du nombre de victimes qui avait
dépassé 2500 martyrs, sans compter le nombre de blessés qui ne purent échapper
aux poursuites des soldats français en vue de les achever.
Cette
situation dura plus d'une semaine, l'objectif étant la liquidation des poches de
résistance dans les différentes zones. Du côté français, outre un nombre
important de blessés, on dénombra environ 60 tués avec à leur tête le Général
"Buscarin" qui fut enterré là-bas ainsi que le chef de bataillon
Morin.