Plusieurs étapes ont
marqué cette révolte populaire:
Première étape :
début de la résistance
La tyrannie du caïd
Boulakhras contribua à l'embrasement de la révolte et son
déclenchement surtout après que Cheikh Mohammed Yahia Ben
Mohamed eut refusé de se conformer aux ordres de Boulakhras
lequel l'avait convoqué à Biskra, son lieu de résidence. Il
craignait de subir le même sort que son frère le cadi
Messaoud qui fut assassiné par Boulakhras.
D'autre part, les
tribus des Ouled Bouzid avaient rejeté l'ordre de Boulakhras
avec lequel elles étaient en conflit permanent de lui
livrer Cheikh Mohamed Yahia Ben Mohamed, surtout que
Boulakhras avait insisté auprès du gouverneur à Zéribet el
Oued sur la nécessité de son arrestation.
Un ordre écrit fut émis
dans ce sens le 29 novembre 1875 mais ne fut pas exécuté.
Cheikh Mohamed Yahia Ben Mohamed, convaincu de la
nécessité de se présenter à la convocation, se présenta à
Biskra et rencontra le caïd Boulakhras sans être arrêté par
le gouverneur de Biskra, Gelize.
A son retour auprès des
Ouled Bouzid, il les convainquit de la nécessité de
proclamer le dijhad et de laisser de côté leurs dissensions
marginales. Il trouva en Cheikh Ahmed Ben Aïch, présent à
l'oasis, la force morale qui réussit à mobiliser les
habitants pour déclarer la guerre sainte contre les
Français. C'est ainsi que l'oasis El Amiri et les régions
avoisinantes s'embrasèrent.
Deuxième
étape : Réactions des
Français à l’égard de cette
résistance
Le gouverneur de
Biskra était informé de cette révolte et connaissait
ceux qui l'animaient. Pour cela, il vit qu'il était de
l'intérêt de la France de remédier à la situation avant
qu'elle ne prenne de l'ampleur dans ces régions sahariennes.
La méthode appliquée par les autorités coloniales consista
alors, par toutes sortes de manœuvres, à diviser les rangs
des insurgés, en se basant sur les scissions provoquées dans
les rangs des Ouled Bouzid et ce, en envoyant un émissaire
les informer qu’ à travers leurs idées destructrices, les
deux chouyoukhs Mohamed Yahia et Ben Aïch entraînaient les
tribus des Baouazid à leur perte.
Troisième
étape: Le lancement effectif de
l’insurrection
après que ceux-ci
eurent quitté Biskra le 8 mars en direction de Touggourt,
les tribus des Baouazid saisirent l'occasion pour isoler le
Général Cartésier et les troupes l'accompagnant. A leur
arrivée à l'oasis Meghaïer le 11 mars, ils envisagèrent de
leur tendre une embuscade pour les liquider. Mais ces
derniers, s'étant rendu compte de la volonté des Baouazid de
les liquider, se sont enfuis avec les cavaliers.
A partir de cet
évènement, les Français réalisèrent que les Baouazid avaient
déclenché une insurrection, surtout après que le caïd
Boulakhras leur eut confirmé l'authenticité des informations
circulant dans la région concernant cette révolte. C'était
le 19 Mars 1876.
Il était impératif pour
les leaders de la révolte, Mohamed Yahia ben Mohamed et
Cheikh Ahmed Ben Aïch, de procéder à l'organisation des
rangs, contacter les chouyoukh des tribus et gagner
des partisans et alliés. Ils réussirent à rallier un certain
nombre de personnalités influentes auprès des tribus dans
les régions sahariennes avec à leur tête Cheikh Bendah ,
chef de la tribu des Djebabra, Cheikh Mabrouk Barika , chef
des Ouled Daoud, Cheikh Mohamed Belhadj bensalem, et cheikh
Ali Benrich , de la zaouia de Metlili Chaamba.
L'objectif visé par
l'unification des rangs des combattants était de barrer la
route à l'ennemi et ses instruments de destruction avec à
leur tête les caïds des Bengana qui avaient imposé aux
habitants de la région saharienne des impôts excessifs.
Dernière
étape:
Au début de cette étape, les autorités coloniales
tentèrent de circonvenir Cheikh Mohamed Yahia ben Mohamed,
de négocier avec lui et de l'attirer à Biskra pour le tuer
mais habitué qu’il était aux complots des Français et de
leurs suppôts, il refusa toutes les invitations qui lui
furent adressées. Dans le même temps, les préparatifs pour
la révolte allaient bon train. L'officier Lefroix tenta de
canaliser la colère des révoltés en effectuant une visite
dans la région mais échoua dans sa mission en raison de
l'attachement des habitants au combat. Il fut contraint de
retourner à Biskra sous escorte militaire dirigée par le
caïd El Hadj Bengana et le caïd Mohamed Séghir
Bengana.
Lorsque la
nouvelle de la révolte lui parvint, le général Cartery se
dirigea vers Biskra pour préparer ses troupes au moment où
le cheikh Mohamed Yahia Ben Mohamed avait, de son côté,
entrepris de réunir les armes et mobiliser les combattants.
Son compagnon Ben Aïch avait pour sa part conçu un étendard
vert comme symbole de la guerre sainte et appelé les gens
dans les marchés et les oasis à prendre les armes contre les
impies et leurs alliés de la famille Bengana. Il réussit
ainsi à réunir un nombre important d'habitants des régions
voisines de l'oasis El Amiri.
Le 11 avril 1876, la
véritable bataille fut déclenchée et l'affrontement eut lieu
entre les combattants algériens dont le nombre avait atteint
deux mille cent hommes et les forces françaises d'occupation
sous le commandement du général Cartery. Les régions
environnantes de l'oasis el Amri furent le théâtre
d'affrontements violents. Lorsque l'armée française
reçut les renforts militaires provenant de différentes
régions y compris les tribus inféodées aux autorités
coloniales, les combattants se retrouvèrent sans aucun
soutien extérieur. De ce fait, cette bataille décisive ne
pouvait être équilibrée car le rapport de forces était en
faveur des Français. Le leader de la révolte, Mohamed Yahia
ben Mohammed, tomba au champ d'honneur avec cinquante autres
combattants. Cheikh Ahmed Ben Aïch fut gravement blessé,
ainsi qu'un nombre important de soldats de l'armée française
et leurs alliés avec à leur tête le caïd de Biskra, Mohamed
Seghir Bengana .
Toutefois, la mort du
leader de la révolte, Mohamed Yahia ben Mohammed,
n'entama en rien la volonté des combattants de
poursuivre la lutte. En effet, ils se retranchèrent dans
l'oasis et réorganisèrent leurs rangs sous la direction de
Ben Aïch qui incitait les populations se trouvant hors de
l'oasis, à soutenir les combattants.
Il fut difficile au
commandant de l'armée française d'envahir l'oasis en raison
de la force et de la violence de résistance des hommes qui
s'y trouvaient. Il tenta alors d'assiéger l'oasis de toutes
parts, pour empêcher les approvisionnements et les renforts
de lui parvenir.
Face à
l'aggravation de la situation à l'intérieur de l'oasis El
Amiri, le général Cartery saisit l'occasion pour lancer,
avec ses alliés parmi les Algériens inféodés aux autorités
de son pays, un assaut contre l'oasis le 27 Avril 1876,
utilisant pour cela les projectiles des canons qui
détruisirent les maisons dans l'oasis. Certains combattants
n'eurent pas d’autre choix, face au déluge de feu de
l'ennemi, que de se rendre