Il aurait été possible
pour les manifestations qui avaient englobé la plupart des
villes algériennes de se limiter à un certain degré
d'affrontements entre les deux parties. Mais l'appareil
militaire colonial, constamment à l'affût du peuple algérien,
avait affirmé à ses démembrements, la nécessité de réprimer
les Algériens pour éviter que ceux-ci ne s'insurgent contre la
France. Il saisit donc cette occasion pour s'attaquer à des
Algériens désarmés, qui avaient naïvement cru à la politique
et aux promesses des partisans de la liberté et de la
démocratie.
Aussi bien les archives
françaises elles-mêmes que celles algériennes et étrangères
témoignent que la répression et les exactions avaient
dépassé toutes les limites et qu'elles n'avaient aucune
justification et c'est cet aspect qui a surpris les analystes
et les observateurs.
La France avait employé
tout son appareil militaire et mobilisé toutes les ressources
matérielles et humaines pour tuer les Algériens.
Les groupes
d'autodéfense, les miliciens, les colons, la police et
la gendarmerie avaient tous participé à ces massacres
collectifs. L'armée française mit en
branle toutes ses forces terrestres, aériennes et
maritimes contre un peuple désarmé ayant voulu exprimer ses
sentiments de joie et de victoire.
Tous les politiciens
français avaient approuvé ses massacres dont rougirait
l'humanité et s'étaient accordés pour sanctionner les
Algériens et les réprimer. Le journal communiste "Liberté"
avait appelé à la nécessité de liquider les Algériens,
justifiant leurs crimes par le fait que les Algériens avaient
enfreint les lois d'exception leur interdisant tout
déplacement d'un endroit à l'autre.
Certaines sources
rapportent que les Algériens étaient assassinés en prison par
les gardiens sous le regard d'officiels français. Les Français
avaient employé la méthode des opérations de fouilles
systématiques dans la mesure où toute maison
rencontrée sur leur chemin était fouillée et pillée.
C'est ainsi que de
nombreux villages furent détruits par les bombardements
aériens sur ordre du ministre communiste de l'aviation dans le
gouvernement du Général De
Gaulle.
La marine avait également
bombardé bon nombre de villes côtières. Quant aux troupes de
fantassins et de la légion étrangère, elles utilisaient les
chars, pénétraient dans les maisons, tuaient, pillaient,
violaient et agressaient sous prétexte de rechercher des
rebelles et de prétendues armes.
A propos des massacres de
mai 1945, un journal américain avait écrit que les
Français avaient utilisé un grand nombre d'avions pour frapper
les civils algériens, que les bombardiers français avaient
détruit des villages entiers peuplés d'habitants dans les
environs de Sétif au cours d'une campagne qui dura neuf
jours.
Les aviateurs
français avaient décollé trois cents fois en une seule
journée, employant l'artillerie américaine lourde et moyenne.
Ensuite, les avions de chasse français de fabrication
britannique avaient décollé derrière les bombardiers
américains pour liquider les populations qui fuyaient leurs
demeures détruites, et larguaient des bombes sur les cachettes
des Arabes dans les montagnes.
En plus des massacres
collectifs, les troupes coloniales eurent recours à
l'emprisonnement et aux condamnations à mort de tous les
suspects.
Même si les
comptes-rendus colonialistes français ont minimisé le nombre
de morts, les estimations algériennes l'ont situé entre 45000
et 100.000 Algériens tandis que les rapports étrangers
évoquent une moyenne de 50.000 à 70.000 morts.
Les
recherches continuent pour découvrir la vérité sur les crimes
du colonialisme français en Algérie qui ont dépassé les
limites. Les comptes-rendus militaires français eux-mêmes
affirment que la répression s'est poursuivie jusqu'en 1946
mais la France s'est employée par tous les moyens à enterrer
la vérité.
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