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L'origine de l'ALN remonte à l'Organisation Spéciale (O.S) laquelle avait œuvré à la constitution des premières cellules militaires armées au sein des militants du MTLD. Elle avait ainsi ouvert la voie à la mobilisation, qu'elle avait néanmoins soumise à certaines conditions. Elle s'était dotée d'un état major et d'une organisation militaire se présentant comme suit: le demi-groupe, le groupe, le bataillon ainsi que de nombreuses sections : la section des explosifs, la section signalisation et la section chargée des caches.
L'Organisation avait par ailleurs élaboré un programme d'entraînement militaire comprenant 12 leçons dont 50 copies furent imprimées et distribuées exclusivement aux chefs. Les entraînements étaient principalement axés sur les aspects théorique et pratique, notamment l'usage des explosifs et des armes, la tactique de la guérilla et l'art de l'embuscade et des incursions.
Malgré les poursuites et des pressions exercées sur ses membres ainsi que les procès qui leur furent intentés, l'Organisation avait réussi à jeter les bases, esquisser et clarifier les conceptions pour la mise en place d'une institution militaire qui constituera le cadre militaire pour la lutte de libération. C'est ainsi que naquit l'Armée de Libération Nationale sur laquelle s'appuiera
le Front de Libération Nationale pour libérer le pays de la domination coloniale et restaurer l'Etat algérien.

L'un des problèmes les plus importants auxquels fut confrontée l'ALN fut celui des voies et moyens de se procurer les armes, d'autant plus que les autorités coloniales avaient commencé à concentrer leurs forces et mettre en oeuvre un important dispositif de guerre pour réprimer les régions entrées en révolte.
Mais l'ALN réussit à régler le problème d'armement en récupérant les armes au cours des batailles ou en se les procurant de l'extérieur par voie terrestre ou maritime

 

Dans sa confrontation avec l'armée française, l'ALN avait adopté la stratégie de la guérilla basée sur l'effet de surprise et la connaissance du terrain
Cette stratégie a réussi à lui assurer de nombreux succès militaires, du fait que l'exécution de telles opérations ne nécessitait pas la mobilisation de grands moyens mais faisait appel à des groupes réduits dotés d'un armement léger. D'autre part, avec l'effet de surprise, le résultat était quasiment assuré puisque, dans la plupart des cas, les embuscades tendues par l'ALN atteignaient les objectifs visés.

Les attaques constituaient l'une des méthodes privilégiées par l'ALN, l'objectif étant d'affecter le moral des soldats français et démontrer l'existence effective de la Révolution et l'adhésion populaire qui l'accompagnait.

L'ALN a adopté la méthode de la guérilla tout au long de la guerre de libération sans entrer dans un affrontement militaire classique avec l'armée française, sauf en cas de nécessité, et ceci trouve sa justification dans le déséquilibre du rapport de forces entre les deux armées en présence.
La méthode de la guérilla a eu entre autres conséquences, la mise à rude épreuve de l'ennemi, la dispersion de ses forces et la destruction de ses installations économiques et vitales.

 

-Première phase : 1954-1956

Au cours de cette phase, l'ALN ne représentait encore qu'un groupe réduit sous-équipé. La veille du 1er novembre, le nombre des moudjahidine s'élevait à 1200, armés d'environ 400 pièces entre fusils de chasse et pistolets hérités pour la plupart de la deuxième guerre mondiale. Cette armée était répartie sur les cinq régions arrêtées au cours de la réunion du 23 octobre 1954.
Au cours de cette phase, l'ALN était composée des premiers contingents de moussabiline (volontaires civils), des fedayin (combattants armés), ainsi que des personnes faisant l'objet de poursuites par les autorités coloniales.
Des conditions et critères avaient été arrêtés pour l'adhésion et l'enrôlement dans les rangs de l'ALN. La première formation arrêtée pour les unités de l'ALN était la suivante :

Formation Nombre d'éléments Commandement
La faction (zoumra) 05 moudjahidin Commandée par un soldat de 1ère classe
La Section (fawj) 11-13 Moudjahid Commandée par un caporal et deux adjoints avec grade de soldat de 1ère classe
La Compagnie (fassila) 35-45 moudjahidin.

03 sections

Commandée par 06 soldats avec grade de soldat de 1ère classe et 03 autres avec grade de caporal. A la tête de la compagnie, il est désigné un caporal-chef, assisté d'un secrétaire.
Le Bataillon (katiba) 105-110 moudjahidin Commandé par un adjudant et deux adjoints dont l'un est militaire et l'autre politique
La Division (qism) constituée de plusieurs bataillons  
La Zone (mintaqa) constituée de plusieurs divisions  

L'organisation militaire de l'armée obéissait au système des sections (fawdj ; pl. afwadj) ; Cette forme d'organisation était dictée par la nécessité de la présence et la répartition de l'ALN à travers tout le territoire national.
Les premiers dirigeants avaient réussi à mettre en place les bases organisationnelles et structurelles de l'Armée de Libération et à tracer un programme pour l'action militaire, visant à assurer la continuité de la Révolution ainsi que la globalisation et la généralisation de l'action militaire, la coordination entre l'action politique et militaire ainsi que la dotation de l'armée en armement.
Outre le fait que la Révolution a d'abord compté sur elle-même, elle intensifia la fabrication des bombes artisanales et la collecte de toutes les munitions et armes possibles auprès des citoyens ainsi que la récupération des armes de l'ennemi au cours des batailles.
La Révolution a ainsi réussi à réaliser de nombreuses victoires militaires et atténuer les retombées de l'offensive militaire française intensive, basée sur les opérations de ratissage, l'utilisation de toutes sortes de matériels de guerre et d'armes prohibées. Les attaques du 20 août 1955, dirigées par le martyr Zighoud Youcef, donnèrent une preuve éclatante de la détermination de l'Armée de Libération et du soutien du peuple à ses actions.

- Deuxième Phase : 1956-1962

L'ALN fut amenée à revoir sa stratégie en accord avec le développement de la Révolution pour faire face à l'effort de guerre français croissant. Il s'est avéré nécessaire de mettre en place un cadre qui conférerait à l'armée de libération un nouveau caractère organisationnel et structurel lui permettant d'accroître numériquement ses forces et de les doter en moyens et armement les plus modernes.

Le bond qualitatif enregistré par l'ALN a eu lieu après la promulgation des décisions du Congrès de la Soummam en 1956 lesquelles ont défini une structuration très précise de l'ALN, tant du point de vue de l'organisation que de l'unification des commandements, des grades, de l'armement, du ravitaillement, des allocations familiales pour les moudjahidine, des dotations aux familles des martyrs, en plus de la création de nombreux services auxiliaires tels que les services de santé, de topographie, des munitions, du courrier, de renseignements , d'information, de presse, ainsi que les services juridique et social.
Le plus intéressant dans les décisions du Congrès de la Soummam, c'est que l'ALN est ainsi devenue une organisation moderne, complémentaire dans les wilayate, répartie entre elles. Il a été également mis en place des commandements unifiés , obéissant à une hiérarchie précise et rattachée à des services complémentaires accomplissant au mieux leurs missions pour affronter l'ennemi.

 

Après la répartition des missions entres les membres du Comité de Coordination et d'Exécution , la Direction de la guerre et la Division de l'armement et de l'approvisionnement furent mises en place. Cette mesure est considérée comme le premier pas effectué en 1956 par le commandement dans la structuration de l'ALN.
Le déploiement de l'activité des unités de l'ALN, la diversification et la multiplication des opérations ainsi que la nécessité d'un commandement unifié qui supervisera l'organisation de toutes les unités de combat et la gestion des problèmes et des conflits éventuels, furent entres autres, les raisons qui ont présidé à la création du Comité des opérations militaires, composées de représentants de toutes les wilayas et des deux bases Est et Ouest. Elle était présidée par un officier supérieur chargé de coordonner ses travaux.
En 1960, l'Etat-major général, chargé de la coordination et de la gestion des opérations militaires de l'ALN à l'intérieur et à l'extérieur a vu le jour. L'Etat-major a été placé sous tutelle d'une commission ministérielle.
Grâce à cette organisation, la Révolution algérienne a mis en place les premiers jalons d'une armée institutionnelle qui a contraint les généraux de l'armée française à reconnaître ses capacités de combat et le courage de ses soldats.